Dans le royaume de Baruch, très loin à l’ouest de la capitale impériale, au-delà des déserts arides du Shen, se trouve un peuple presque aussi intimement lié au monde de Safir que les Khoda eux-mêmes. Les êtres vivants de cette région possèdent une sensibilité exceptionnelle à tout ce qui les entoure. Ils perçoivent en permanence l’énergie spirituelle qui imprègne leur environnement, une connexion invisible mais omniprésente. Chaque instant de leur vie, chaque objet qu’ils touchent, chaque son ou image qu’ils rencontrent, nourrit ce lien profond avec le monde.
Cette sensibilité extraordinaire a façonné les Baruchas, les rendant sages et profondément pacifiques. Ils vivent en harmonie avec leur environnement, guidés par une compréhension instinctive de l’énergie et de la spiritualité qui les entourent.
Le clair de lune de Safir, déjà envoûtant pour les cœurs les plus insensibles de la capitale impériale, prend chez les Baruchas une dimension presque mystique. Là où d’autres y voient une simple beauté, eux y perçoivent une connexion directe avec leur fort intérieur. Pour certains, la contemplation de cette lumière pendant de longues minutes peut s’avérer bouleversante, tant l’intensité du moment résonne profondément en eux.
De cette expérience unique est née une légende parmi les Baruchas, transmise de génération en génération. Elle raconte que lors des nuits de pleine lune, une âme tourmentée qui plonge son regard dans cette lumière pourrait voir sa destinée changée à jamais, pour le meilleur ou pour le pire.
Si Mahkhor, le dieu dévoreur de toute chose, venait à prendre cette âme égarée, alors la personne sombrerait dans la folie, damnée pour l’éternité. Mais si elle parvenait à lui résister, Mahkhor lui accorderait une récompense rare : une libération totale de toutes les influences néfastes du monde matériel. Ce serait une renaissance absolue, permettant à cette personne de transcender ses limites pour devenir une version quasi parfaite d’elle-même.
Les Baruchas appellent ce phénomène la nuit noire de l’âme. Bien qu’aucun récit contemporain ne confirme l’existence d’un tel événement, cette légende continue de vivre dans les histoires contées au coin du feu les soirs de pleine lune. Les Baruchas y croient profondément, car pour eux, chaque légende contient une part de vérité.